Bénédicte, bien-être et questions de gestion

Bénédicte, bien-être et questions de gestionInterview de Bénédicte Berthe suite à la sortie de l'ouvrage "Bien-être, questions de gestion".

Bénédicte, vous êtes responsable de la sortie de l'ouvrage "Bien-être, questions de gestion". Un ouvrage collectif porté par plus de 20 chercheurs du laboratoire d'économie-gestion de l'Ouest, le LEGO (UBS/UBO). Racontez nous sa genèse et présentez nous cet ouvrage sur le bien-être qui a été abordé non pas sous l'angle habituel de la psychologie mais sous l'angle des sciences de gestion.

De quoi traite cet ouvrage ?

Cet ouvrage traite d’un sujet dans l’air du temps : le bien-être mais sous l’angle original des sciences de gestion. Il est abordé à travers trois grandes parties : le bien-être du consommateur, le bien-être du travailleur et le bien-être du citoyen.

Quel était l’objectif que vous vous êtes fixé ?

L’objectif était d’allier la rigueur des travaux scientifiques et l’accessibilité à un public d’étudiants de licences 3 et de masters ainsi qu'à nos partenaires, professionnels sur le territoire. Cet ouvrage se base sur les travaux de recherche de ses auteurs mais le jargon propre aux experts est gommé, les justifications méthodologiques allégées et l’interprétation des résultats lissée. Nous souhaitons aussi donner une certaine visibilité des travaux menés au sein de nos laboratoires à un public plus large que les lecteurs plus confidentiels de nos revues scientifiques pointus et spécialisés. Ce livre nous permet aussi un peu plus de liberté que les revues dans lesquelles nous publions habituellement et qui sont de plus en plus formatées et standardisées.

Comment vous êtes-vous organisés ?

Il est le résultat d’un travail collectif. Vingt chercheurs se sont réunis autour de ce thème qui les a fédérés. Ce travail a pris une année, entre la décision et la finalisation de l’ouvrage. Il est le fruit d’une étroite collaboration entre les chercheurs tout au long de la rédaction. Malgré les autres engagements, nombreux, de chacun, le respect des délais et des contraintes a été total. Cet ouvrage est un vrai travail d’équipe.

Qui a été impliqué dans ce projet d'édition ? Qui sont ces chercheurs ?

Les vingt chercheurs, auteurs de cet ouvrage, ont tous le point commun de faire partie du laboratoire LEGO (Laboratoire d’Economie-Gestion de l’Ouest) qui réunit des chercheurs de Vannes, Lorient, Quimper et Brest. Ils sont tous gestionnaires ou économistes. Les directeurs, Patrick Gabriel et Yolande Piris, les ont soutenus et encouragés pour cette réalisation commune.

Pouvez-vous nous parler du laboratoire LEGO ?

Le LEGO réunit 29 doctorants et 85 enseignants chercheurs sur Vannes, Lorient, Quimper et Brest. Il a quatre domaines d’expertise : numérique, réseaux et territoires ; Pratiques responsables et alimentation ; Gouvernance et résilience des organisations, Santé, bien-être et vieillissement. Cet ouvrage s’inscrit dans ce dernier axe.

Le laboratoire est breton mais en quoi ces études sont-elles ancrées sur le territoire ? Ont-elles une portée locale ?

D’une part, de nombreuses enquêtes se sont déroulées en Bretagne. D’autre part, la plupart de ces chercheurs enseignent à l’Université Bretagne Sud et partagent les résultats de ces études avec leurs étudiants de l’IUT de Vannes, des licences économie-gestion et des masters marketing vente, banque assurance et gestion des ressources humaines de la Faculté Droit, Sciences Economiques et Gestion (DSEG) de l’UBS.

Qu’est-ce que cet ouvrage a apporté à votre équipe ?

Il a permis de mieux connaître les approches de chacun. Et puis, parvenir à se coordonner quand on est aussi nombreux est un challenge qu’on a surmonté. Harmoniser l’ensemble malgré notre diversité en a été un autre. Un laboratoire n’est pas seulement une somme d’individus, c’est aussi un collectif et cet ouvrage en témoigne.

Au final, pouvez-vous nous dire ce que met en avant cet ouvrage ?

Nous pouvons citer la page 19 qui le résume "La première partie aborde donc la question du bien-être (BE) du consommateur.

Le chapitre 1 de Pascale Ertus montre comment la consommation de produits du terroir peut contribuer au BE en mobilisant la confiance permise par la proximité. Elle montre aussi que les produits du terroir participent à une expérience de consommation propice au BE dans la mesure où ils sont associés au plaisir et à la santé mais aussi à des pratiques sociales et de partage.

Le chapitre 2 de Gaëlle Moal et Corinne Chevalier s’intéresse aux séniors. Elles identifient leurs besoins spécifiques. Ainsi, le sens personnel donné à l’existence est un facteur de bien-être essentiel pour cette population. Elles montrent comment une offre et une publicité adaptées peuvent participer à l’amélioration du BE des séniors.

Le chapitre 3, de Christine Petr et Coline Rual, se questionne sur la prolifération du numérique. Ces auteurs montrent les bénéfices induits sur le bien-être du corps et de l’esprit de ses utilisateurs mais elles modèrent aussi ces apports.

Le chapitre 4, de Olivier Ardouin et Yolande Piris, pose la question du rôle du sacrifice sur le BE dans l’acte de consommation. Ils montrent comment ce sacrifice contribue paradoxalement au bien-être. Ils s’interrogent également sur les moyens d’influencer ces comportements et les décisions du consommateur à travers des suggestions indirectes telles que mobilisées par la théorie du nudge.

 

La deuxième partie traite du bien-être du travailleur. Il s’agit de se demander quelles sont ses différentes dimensions, comment l’entreprise peut construire des indicateurs, quels sont concrètement les outils et les acteurs qui peuvent agir sur le BE au travail (BET). C’est l’objet du chapitre de Nikolaz Le Vaillant qui expose différents modèles qui permettent d’identifier les contours du BET. Il présente aussi la façon dont il est mesuré et la diversité des parties prenantes dans l’entreprise. Ensuite le temps de travail a un impact fort sur le bien-être au travail.

Le chapitre de Marc Dumas et Youssef Fahmi traite de ce sujet. Ils montrent la place des temps sociaux, et le rôle de l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle, et de l’articulation des temps, sur le BET. Ils relèvent également les bonnes pratiques en la matière. Par ailleurs, les émotions sont des composantes essentielles du BE subjectif.

Bénédicte Berthe et Camille Chédotal étudient le cas des professionnels de la gestion des ressources humaines. Il en ressort que les émotions positives de ces professionnels contribuent à leur bien-être. En revanche, elles identifient un intense travail émotionnel et montrent comment il peut être préjudiciable pour le BET de ces personnes. En outre, l’autonomie est un autre facteur important du BET.

Tony Cragg, dans son chapitre aborde cette question. Il se penche sur le cas particulier du travail en entrepôts dans la grande distribution pour illustrer les relations étroites entre autonomie et BET. Le climat social est un autre paramètre du BET.

Sylvie Codo le développe dans son chapitre. Son étude se situe dans le cadre de l’économie sociale et solidaire et elle montre l’ampleur des conséquences d’un climat social conflictuel sur le BET. Enfin, les crises ont des effets sur le BET.

Nathalie Audigier, dans le dernier chapitre, présente les transformations du secteur bancaire suite aux récentes crises financières et sanitaires et la place insuffisante précédemment réservée au BET. Elle expose la nécessité de développer différents leviers susceptibles d’améliorer aujourd’hui le BET dans ce secteur.

 

La troisième partie examine le bien-être du citoyen. Leïla Damak et Danielle Pailler, dans le premier chapitre, étudient les relations entre l’accès à la culture et le bien-être du citoyen. S’appuyant sur les référentiels des droits culturels, elles montrent que l’appropriation et la participation à la culture sont sources concrètes de bien-être pour le citoyen.

Le deuxième chapitre de Houssein Ballouk aborde le bien-être de la communauté locale. Il examine les effets de la responsabilité sociétale de l’entreprise qui se développent actuellement à travers de nombreuses initiatives. La contribution des actions solidaires, développées au niveau local par les entreprises, va dans le sens d’une amélioration du bien-être de la communauté locale mais nécessite d’être nuancée. La naturalisation qui est évoquée par Bernard Roullet n’est pas l’acquisition de la citoyenneté mais une approche naturaliste du BE. Il ne se penche pas non plus sur un citoyen conçu comme un être doté de droits civils et politiques mais sur un être représenté comme une entité biologique. Ainsi, son chapitre expose les déterminants naturels du BE individuel. Il souligne aussi que les facteurs génétiques et neuroanatomiques ont des effets certains sur le BE. La neurophysiologie et la neuroendocrinologie éclairent également la compréhension du BE.

Le dernier chapitre de Sandrine Leloup aborde le BE du citoyen selon une approche économique. Elle soulève la question de savoir si la croissance est vecteur de BE. Elle présente les conceptions économiques du BE et expose les difficultés pour établir un indicateur pertinent de BE collectif."